Vin de Savoie
Vin de Savoie
La Savoie est la plus jeune région rattachée à la France (1860) mais son vignoble est antérieur à la colonisation romaine, l'Histoire de sa vigne est riche et tourmentée, il s'en est fallu de peu qu'elle ne survive pas à la crise phylloxérique de 1878.
Aujourd'hui le vignoble savoyard ne fait pas exception dans le paysage viticole français : comme partout, le chardonnay pousse les vieux cépages moins fruités et moins flatteurs vers la sortie ; comme partout, le goût boisé est à la mode et peut contribuer à cacher les imperfections de certains produits, et comme partout, des vignerons méritants et soucieux de qualité résistent en sacrifiant un peu aux tendances pour mieux préserver d'autre part tel ou tel cépage "historique".
Si l'on en croit la plupart des publications actuelles, les vins de Savoie sont une aimable anecdote sur fond de carte postale enneigée. Le discours habituel fait généralement état de vins frais et légers, "à boire jeune", dont la principale qualité consiste à accompagner les tartiflettes après une journée de ski.
En 1931, le docteur Paul Ramain notait dans son livre "Les Grands Vins de France" : "Paris ne connaît pas les vins de Savoie". Il semble que cette situation n'a pas beaucoup évolué depuis, mais nous ne saurions en vouloir aux taste-vin et aux auteurs des guides conseils car les Savoyards eux-mêmes connaissent mal les produits de leur terroir, et nombre d'entre eux n'ont pas eu la curiosité de pousser la porte d'une cave, de rencontrer un professionnel et de faire l'effort d'acheter en connaissance. Les vins de Savoie savent contenter les palais curieux et exigeants, par la diversité et l'originalité de leurs caractères, encore faut-il que chacun apprenne l'art de la curiosité et de la patience, et rende possible la découverte de la fraîcheur, de la nervosité ou de l'ampleur particulière d'un cru.
Situés à proximité des hautes montagnes, ses 1 700 hectares de vignes sont éparpillés sur quatre départements
(Savoie, Ain, Isère et Haute-Savoie).
De nombreux cépages cohabitent, mais la jacquère représente toujours la moitié des surfaces plantées.
Cinq cépages blancs se distinguent par leur qualité :
jacquère,
roussette (aussi appelée altesse),
chasselas,
gringet et bergeron (le nom local de la roussanne lorsqu’elle est plantée sur le cru Chignin).
Les rouges sont au nombre de quatre :
mondeuse,
gamay,
pinot noir
et persan.
Mais les Savoyards préservent aussi quelques cépages rares, par exemple
la mondeuse blanche,
la malvoisie
la molette.
L’approche géographique de la Savoie réclame une mémoire d’éléphant. Quatre appellations existent :
Vin de Savoie et Roussette de Savoie (l’essentiel du vignoble), auxquelles s’ajoutent les minuscules Seyssel et Crépy.
Mais attention : dix-neuf crus peuvent ajouter leurs noms à celui des deux appellations principales.
La grande complexité des cépages et des crus, le caractère confidentiel des meilleurs vins, leurs volumes restreints et leur diffusion limitée au-delà de la région ne facilitent pas la tâche du consommateur.
Et pourtant, cette région recèle des trésors !
En voici la liste : Arbin, Ripaille, Marin, Marignan, Ayze, Frangy, Chautagne, Jongieux, Chignin, Apremont, Abymes, Marestel, Monthoux, Monterminod, Saint-Jeoire-Prieuré, Cruet, Montmélian, Saint-Jean-de-la-Porte et Chignin-Bergeron.
Il eut été possible de s’en tenir là. Eh bien non ! Certains cépages comme la roussette de Savoie deviennent une appellation à part entière lorsqu’ils sont plantés sur certains crus. Ainsi, à Frangy, Monthoux, Marestel ou Seyssel, la roussette (ou altesse) devient l’appellation Roussette de Savoie Frangy ou Roussette de Savoie Monthoux. De même, la roussanne plantée à Chignin devient l’appellation Chignin-Bergeron. Notons également que certains crus (mais pas tous) sont monocépages : par exemple, Ripaille, Marignan, Marin et Crépy ne produisent que du chasselas.